Monday, August 6, 2007

Zatik



Il arrive un moment (et ce moment arrive souvent) où on se demande ce qu'on fout là. Il faut absolument trouver les vraies raisons sinon Air France ne devient pas une aide mais un secours vital... Je dois avouer qu'au début, malgré l'ouverture d'esprit et l'accueil du personnel de cet orphelinat, l'intégration a été difficile. Je ne m'y sentais pas à l'aise malgré ou à cause des prévenances à mon égard. Je ne savais pas quoi faire là bas avec ces ados dont la moitié habite dans une maison cachée, tentant de survivre, privées des subventions de l'État parce qu'elles ont plus de 18 ans. Malgré leur âge, elles sont vraiment adolescentes. Pour les jeunes hommes, pas de problème, l'armée est une solution de deux ans.


Que c'est difficile à comprendre une adolescente! Jamais contentes! Si je leur apprends le français, elles me disent que c'est trop difficile, qu'elles préfèrent jouer. Je leur apporte des jeux et des animations, elles me disent qu'elles perdent leur temps. Cette situation a duré 5 mois! Je me demandais vraiment à quoi je servais. Puis soudain me prend l'idée tellement incongrue de faire un spectacle de théâtre en français. Du jamais vu: l'idée fait l'unanimité. (J'aurais quand même pu y penser avant!)


Le spectacle est une composition de Prévert, de Baudelaire, de Brel et de Gainsbourg. Elles sont 9 avec un garçon. Elles sont merveilleuses.


Zatik est devenu pour moi un mot magique par ce qu'il représente. Il y a Satenik, la prof de français qui m'a ouvert ce monde, chouchoutée pendant ces 8 mois et qui me prend pour sa fille. Je n'aurais RIEN pu faire sans elle! En plus, elle a une ouverture d'esprit extraordinaire! Elle comprend ce que je dis sur l'Arménie puisque n'ayant pas toujours vécu ici, elle a connu à son retour des moments difficiles. Elle m'a fait confiance et m'a beaucoup apporté! Et puis il y a mes filles (c'est comme ça que je les appelle) qui font preuve d'un manque d'amour considérable, d'un courage incroyable et qui ont des personnalités tellement différentes! Elles sont ma joie, elles sont ma raison de rester encore en Arménie. Où que j'aille, elles me manquent. J'ai l'impression de les abandonner si je ne les vois pas régulièrement.


Chaque fois, j'ai des émotions très fortes. Ma gorge se serre et je retiens mes larmes quand je pense que je ne vais plus les voir bientôt et que je ne vivrai plus ces moments de joie avec elles. Mariam, Anouche, Mérie, Edgar, Serbouhie, Aïda, Kariné, Christiné, Adelina, Aspram, Chorik, Lilith, duq im tziatzane eq...Yes dzez shat sirum em.

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